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30 %. C’est le pourcentage de femmes dans les métiers du numérique en France, en 2022, selon le baromètre de la Grande École du Numérique. Les femmes sont donc toujours sous-représentées dans la tech.

Convaincues de la nécessité d’accélérer rapidement la cadence, les équipes de Qonto se sont engagées avec l’association BECOMTECH, qui œuvre pour la mixité dans les métiers du numérique. Mais il devient urgent que les entreprises aillent plus loin dans cette direction. Sarah Ben Allel, VP People chez Qonto, et Dorothée Roch, co-fondatrice de BECOMTECH, s’accordent sur ce point : pour une meilleure inclusion globale des femmes, les entreprises doivent mener ensemble des actions concrètes et collectives.

En unissant leurs efforts, dans un mouvement similaire à celui de l’Open Innovation, elles pourront inverser la tendance en matière de mixité. Regards croisés.

Des métiers encore peu accessibles

Data scientists, community managers, développeur(se)s web, UX Designer, UX Writer : on appelle « métiers du numérique » les emplois qui s’appuient sur les nouvelles technologies. Ils se divisent en plusieurs catégories, parmi lesquelles on compte la programmation, les réseaux, les infrastructures, le marketing et la communication.

C’est surtout en marketing et en communication que l’on retrouve le plus grand nombre de femmes dans les départements liés au digital. Dans des métiers plus techniques, leur pourcentage dépasse rarement la barre des 10 %. Je pense que l’image du « geek » masculin est encore prégnante, chez les jeunes filles comme chez les personnes de leur entourage, alors que les métiers et les profils sont bien plus divers qu’on ne le pense. – Sarah Ben Allel, VP People chez Qonto.

Une étude Ipsos / Epitech sur la féminisation des emplois liés au digital, menée en 2021, vient corroborer cette impression. Quand les jeunes femmes s’intéressent à ce secteur, seules 43 % d’entre elles pensent avoir le niveau pour suivre une formation en école informatique, malgré d’excellentes notes. L’autocensure n’est donc pas loin. Souvent, leurs parents sont du même avis. Et si elles décident malgré tout de franchir le pas, certaines ne sont pas à l’abri de la désillusion.

Lorsqu’elles envoient leur candidature pour une alternance dans un métier lié au digital, de nombreuses femmes se heurtent à des refus ou au silence de la part des entreprises. Cette confrontation à la réalité du terrain paraît à leurs yeux comme une promesse non tenue, et peut facilement mener au découragement. – Dorothée Roch, co-fondatrice de BECOMTECH.

Une information insuffisante

En 2019, les femmes étaient 5 fois moins exposées que les hommes aux offres d’emploi dans le domaine du numérique. C’est le constat que dressent l’association Diversidays et Pôle Emploi, dans un baromètre de la diversité et du numérique.

Ce chiffre montre que le manque d’inclusion est un problème qui tire sa source bien plus loin qu’au stade du recrutement. À l’origine, on observe une diffusion insuffisante de l’information auprès des jeunes femmes, sur les métiers auxquels elles peuvent prétendre. Il est essentiel de les sensibiliser à l’impact qu’elles peuvent avoir sur la transformation digitale de la société. – Sarah Ben Allel, VP People chez Qonto.

Le manque de mixité est sociétal : on en constate les prémices dès les plus jeunes années des femmes. Seulement 29 % des lycéennes connaissent bien le contenu d’une formation en école informatique, contre 46 % des garçons, selon l’observatoire Ipsos / Epitech. Le numérique n’est pas un domaine vers lequel leur entourage les dirige spontanément. – Dorothée Roch, co-fondatrice de BECOMTECH.

Un phénomène organisationnel

Isabelle Collet, informaticienne et professeur à l’Université de Genève, propose de chercher dans les modèles d’organisation les origines du manque de mixité dans le numérique. Son ouvrage paru en 2019, Les oubliées du numérique, explique comment le domaine de l’informatique a été pensé, dès ses débuts, pour la socialisation des hommes, plutôt que celle des femmes. L’étymologie même du terme « ordinateur » offre une perspective édifiante : « adjectif désignant Dieu (au masculin) lorsqu’il met de l’ordre dans le monde. »

Il ne suffit donc plus de proposer des rôles modèles aux femmes pour les inciter à aller vers des métiers plus techniques. Cela peut même être contreproductif, comme le précise Isabelle Collet dans une interview pour l’ADN : « Multiplier les rôles modèles, c’est créer une pression supplémentaire pour les jeunes femmes : soit elles deviennent Ada Lovelace (précurseur de l’informatique moderne au XIXe siècle) ou Sheryl Sandberg (directrice des opérations de Facebook), soit elles ne sont rien. »

La représentativité est donc une clé. Mais elle doit s’accompagner d’une prise de pouvoir des femmes sur les métiers de la tech.

Encourager l’appropriation des métiers par les femmes

Les femmes ne vont pas vers la tech, car cela ne les intéresse pas » : cette raison, souvent avancée pour expliquer une parité insuffisante dans les métiers de l’informatique et des nouvelles technologies, n’est plus valable aujourd’hui. – Dorothée Roch, co-fondatrice de BECOMTECH.

Le programme JUMP IN TECH, auquel Qonto a participé en 2021, a fait l’objet d’une étude d’impact par l’Agence Phare. Cette analyse a mis en lumière les effets des programmes sur les participantes :

  • le développement de leurs compétences numériques,
  • le changement de leurs représentations sur le numérique et la place des femmes dans ce secteur,
  • l’élargissement de leurs perspectives d’orientation, notamment vers les métiers du numérique.

C’est sur la prise de parole que les équipes Qonto ont accompagné les jeunes femmes issues du programme JUMP IN TECH de BECOMTECH. Le but : leur permettre de s’approprier leur rôle en tant que futures Ambassadrices du numérique, au sein de leur entourage et dans leur environnement scolaire.

Il serait injuste de dire que le problème vient uniquement de l’autocensure ou du manque d’estime de soi, donc exclusivement des femmes. En transformant sa politique d’inclusion, une entreprise peut donner envie à d’autres organisations de changer leurs pratiques. Chez Qonto, nous avons encouragé nos stagiaires à présenter leurs rôles à plusieurs équipes. – Sarah Ben Allel, VP People chez Qonto.

L’objectif de cet entraînement à la prise de parole :

  • Pousser les femmes à s’exprimer devant leurs collègues, mais aussi sur les réseaux sociaux, les podcasts et toute autre plateforme numérique. Le but : les amener à assumer pleinement le rôle qu’elles jouent dans le domaine de la tech.
  • Leur permettre de donner à voir leur expertise en toute confiance.
  • Les amener à choisir leur entreprise en fonction de son engagement à progresser sur la question de la mixité.

Selon nos interlocutrices, il est désormais nécessaire que les entreprises travaillent ensemble, en synergie, pour multiplier l’efficacité de telles actions.

Agir en commun pour plus de mixité

En 2015, Qonto a rejoint France Fintech, une initiative visant à traiter des problématiques de l’industrie des services financiers. Cette démarche réunit des entreprises qui agissent ensemble pour plus de diversité dans leur secteur d’activité. C’est cette dynamique que nos deux interlocutrices veulent impulser à plus grande échelle, entre les entreprises et les associations.

Au sein d’une communauté d’entreprises engagées, chaque organisation peut s’inspirer des autres pour créer une politique paritaire réelle.

  • En mettant en place un indice de mesure de la mixité, à l’image de l’Index Egalité Professionnelle.
  • En adhérant à des programmes d’accompagnement avec des associations comme BECOMTECH.
  • En mesurant l’impact des politiques de diversité grâce à des outils comme Mixity.

Nous devons aller plus loin, mais ensemble. Il nous faut un Next 40 de la parité. – Dorothée Roch, co-fondatrice de BECOMTECH, et Sarah Ben Allel, VP People de Qonto.

ÉCRIT PAR Touhfat Mouhtare

Touhfat est copywriter et auteure de deux romans. Chez Qonto, elle écrit des contenus dédiés au leadership d’opinion, sur la psychologie de l’entreprenariat et les tendances fintech.